J'aime ces matins où beaucoup d'indignés dorment encore. Ils se sont couchés tard, ils
se réveilleront tard. Vous le sentez le calme avant des discussions passionnées
voire houleuses, celles qui se dérouleront au cours de cette nouvelle journée ?
J’aime le calme de ce début de matinée, celui qui me permet de me rappeler pourquoi
suis-je indignée, écœurée, révoltée depuis tant d’années. Rappel violent. Toutes
ces injustices qui me font détester l’espèce humaine un peu trop souvent. Jeter
la pierre à toute une espèce ? Un peu trop facile.
Puis vient la détestation de moi-même qui participe consciemment à se système. Je
refuse les injustices mais que fais-je ? Rien. Bien tranquillement, un
café posé sur la table, devant mon ordinateur fabriqué à l’autre bout du monde
par des hommes, des femmes voire des enfants payés une misère… Dégoût…
Comment avons-nous pu en arriver là ? L’espèce qui a su dominer les autres. Nous
sommes partis de rien, pas de griffes, pas de fourrure, pas de dents acérées…
et pourtant nous avons aujourd’hui un pouvoir d’extermination de masse bien
trop puissant.
Comment une espèce aussi forte a pu se transformer un en monstre d’égoïsme capable de s’auto
exploiter. Comment avec tous nos moyens technologiques des gens peuvent encore
mourir de faim et de froid. A croire que nous sommes restés des animaux et que
seule la loi de la nature perdure : celle du plus fort.
L’Homme qui se targue d’être intelligent, ne vaut-il pas mieux que les bêtes dont il se
nourrit ?
Écœurement. Une fois de plus, je vais devoir passer une journée de solitude à nous détester…
Jusqu’au moment où, au détour d’une conversation, je ressentirai une pointe d’espoir
de changement, un post qui me fera sentir que je ne suis pas seule à penser
ainsi, qu’on peut encore changer les choses.
Un rêve ? Oui peut-être. Mais sans rêve et sans espoir, à quoi servirait-il
de vivre…